Le burn-out ne se produit pas du jour au lendemain. Les signaux sont nombreux mais nous ne les voyons pas toujours. Si nous les voyons, nous ne leur accordons pas vraiment d’importance ou nous continuons à forcer sur la machine en nous disant que nous n’avons pas d’autres choix. Il nous est pourtant possible de le prévenir. Et d’en sortir bien sur. Heureusement!!!
Sommaire
Prévenir le burn-out : se (re)poser pour stopper la spirale
Le burn-out survient quand, soumis à un stress trop important pendant trop longtemps, nous avons brulé toutes nos ressources à essayer d’y faire face, sans prendre du temps pour se ressourcer justement. Nous n’avons pas ménagé nos ressources et nous ne leur avons pas laissé le temps de se régénérer et de se développer.
La première des choses est d’accepter de regarder notre état. “Je n’arrive plus à me lever, à me concentrer, je suis épuisé(e) tout le temps depuis des semaines et des semaines….Objectivement, quelque chose ne tourne pas rond”.
Vient ensuite l’étape d’accepter de se reposer, de lever le pied. Même si cela doit passer par un arrêt maladie ou par des vacances “imprévues”. Le stress tire sur la batterie et les ressources plus qu’il ne faudrait. La fatigue nous empêche de les recharger, de nous ressourcer. Donc logiquement, avant d’agir sur les facteurs de stress qui parasitent notre vie, il est important de faire pause pour retrouver des forces et prendre du recul que nous n’arrivons plus à prendre au quotidien à cause de ce cocktail explosif fatigue/stress. C’est aussi le moment d’en parler directement avec un professionnel (médecin traitant, médecin du travail, accompagnant spécialisé).
Puis, une fois plus reposée, vous pourrez regarder la situation avec du recul et plus de discernement, et identifier les causes et ce sur quoi vous pouvez agir, à votre niveau, pour ne plus vivre cet état. Vous ne changerez pas votre boite et son organisation, vous ne changerez pas vos collègues. Mais vous avez le pouvoir tout de suite et maintenant :
- de vous poser des limites et de poser des limites aux autres,
- de vous aménager des activités ressourçantes et des plages de repos dans votre vie quotidienne,
- de revoir régulièrement vos priorités votre manière de vous organiser,
- de faire le tri dans pour voir si par hasard vous ne feriez pas de tâches qui ne sont pas les votre. Et si tel est le cas de voir comment rendre à César ce qui est à César,
- de dire non si votre charge de travail est déjà trop importante,
- d’apprendre à ne plus prendre ou porter les responsabilités des autres,
- de demander des éclairages quand les consignes ou les demandes sont flous. Le manque de clarté est un facteur de stress mais aussi de conflit : le résoudre allège considérablement le quotidien,
- de demander de l’aide.
Ces changements sont difficiles à mener seul, l’aide d’un ou plusieurs tiers est souvent nécessaire. Pour nous aider à changer et à garder le cap jusqu’à ce qu’avec la pratique et l’expérience, ce changement s’installe de manière durable et face alors partie intégrante de notre “nouveau” fonctionnement.
Je fais une petite aparté pour partager avec vous une expérience toute récente. A la fin du premier article sur le burn-out, je vous ai donné rdv la semaine suivante pour le volet numéro 2 (celui-là). C’est mon côté : je le dis comme ça je vais le faire sans laisser trainer + j’ai du mal à calculer ma charge de travail et j’ai toujours l’impression que ma to do list tiendra dans trois fois de temps qu’il ne m’en faut en réalité 😉 Résultat : je me suis mis la pression + je culpabilise parce que je n’ai respecté pas les délais + j’ai eu la tentation de bâcler mon article pour le sortir coûte que coûte (mais heureusement je n’ai pas réussi!) La solution : basiquement déjà, ne plus annoncer un délai quand je n’ai pas la certitude de pouvoir le respecter. Et derrière, arrêter de me mettre des échéances irréalistes!
Quand le burn-out est là : prendre le temps
Quand le burn-out est là, le repos s’impose de lui-même : nous n’avons plus le choix, le corps ne peut plus avancer. Repos forcé. Là encore, parler et sortir de l’isolement est important. En plus du rdv chez le médecin et/ou un accompagnant spécialisé, n’hésitez pas à vous rendre dans une consultation spécialisée de souffrance au travail.
Une des personnes en burn-out que j’ai accompagné a dit un jour que l’une des choses qui l’avait le plus aidé, c’était d’avoir été écoutée et que des personnes lui disent “votre état, ce que vous ressentez aujourd’hui est normal après ce que vous avez vécu”. Au lieu de “Soit fort. Tourne la page, oublie et reprend toi”. C’est une première étape importante oui : exprimer sa souffrance, car souffrance il y a. Et qu’elle soit entendue et reconnue.
En parallèle, prendre du temps pour soi et s’occuper de soi devient une absolue nécessité. Faire du sport, de la relaxation, des ballades dans la nature, des activités créatives (dessin, photo…) à chacun sa technique, l’importance étant que l’activité vous fasse du bien et qu’elle vous ressource. Qu’elle soit une des sources à laquelle nourrir ses ressources.
Ensuite alors seulement, la phase de reconstruction pourra commencer. Quand la personne aura repris des forces et exprimé tout ce qu’elle a sur le coeur. Une reconstruction qui, pour se faire sur de solides fondations, passera par un questionnement et une remise en question personnelle. Pour comprendre ce que nous avons vécu et pourquoi nous l’avons vécu, et de là pouvoir agir sur les causes personnelles qui nous ont conduit à vivre cette situation.
Dans tous les cas : l’occasion d’un retour sur soi et d’un changement
Le burn-out est un évènement qui nous oblige, un moment donné, à nous interroger. Pourquoi certains d’entre nous, soumis au même environnement, vivent une situation de burn-out et d’autres non? Parce que nous n’avons pas tous la même relation au travail, la même relation aux autres. Parce que la situation que nous vivons n’appuie pas forcément sur les blessures de quelqu’un ou sur les mêmes besoins, des besoins non comblés étant aussi un facteur de stress.
Un fort besoin de reconnaissance, lié par exemple à une blessure de rejet, peut ainsi amener une personne à ne pas pouvoir poser de limite et à accepter toujours plus de travail en espérant que cette reconnaissance viendra un jour. Peut-être est-elle déjà venue d’ailleurs, mais elle ne l’a pas vu. Ou cette reconnaissance n’a pas suffit à combler son besoin. Alors elle va au delà de ses limites pour chercher cette reconnaissance dont elle a besoin.
Voir et comprendre ce mécanisme qui est propre à chacun permet de mieux comprendre ce que nous avons vécu et où se trouve notre part de responsabilité dans le situation. Je sais qu’il est parfois difficile d’entendre que nous avons une part de responsabilité quand nous souffrons. Pourtant, elle existe toujours, j’en suis convaincue. Dans des proportions variables. La voir permet d’agir, encore une fois à notre niveau, sur ce fonctionnement qui au final, nous fait souffrir.
Zapper cette étape de retour vers soi et repartir tête la première dès que la grosse fatigue est passée, s’est s’exposer à revivre la même situation. Accepter de se regarder et de se remettre en question s’est accéder à un changement libérateur.
Cet article, au titre qui peut sembler provocateur “le burn out m’a sauvé”, parle bien de cette expérience particulière qu’est le burn-out et du cheminement qu’il amène à faire. Aussi douloureuse que soit une expérience, comme toute crise elle amène toujours quelque chose de positif. Il est très difficile voir impossible de la voir au début, seul le temps permet de s’en rendre compte. Mais vrai de vrai, le cadeau est toujours là, quelque part.
En juin 2001, alors que je rentrais chez moi un soir après le travail, un violent étourdissement m’a obligée à sortir du métro, complètement sonnée, en mode zombie. Quelques heures plus tard, je faisais connaissance avec les acouphènes. Avec le temps, j’ai appris à gérer et même à aimer ces “indicateurs de sur-pression” qui, pour la première fois m’ont amenée à consulter des accompagnants autrement, puisque la médecine allopathique n’offrait aucune solution. Avec le recul, je sais qu’ils ont été une alerte puissante qui a permis que ce ne soit pas plus grave. A l’époque, j’étais épuisée physiquement et moralement, après des années éprouvantes, plus dans ma vie personnelle que professionnelle.
Fin 2007, je ne me suis pas rendue compte que je quittais mon job dans le même état. Mon corps lui a accusé le coup : acouphènes encore et toujours, 15 kgs en plus et méga entorse du genou qui a mis deux ans à se soigner. Là aussi le burn-out n’était pas loin; plus en lien avec ma vie professionnelle peut-être, mais pas que. A cette époque, un autre travail s’est initié, toujours avec des accompagnants autrement et une pratique de relaxation autrement, le reiki. Une des activités ressourçantes, à côté de l’écriture, des activités créatives et des voyages, qui m’accompagne quotidiennement à me poser, prendre du recul, me voir agir et mettre en pratique ce que j’ai travaillé et compris avec tous mes accompagnants autrement. Elles ont contribué à la disparition des acouphènes, mon baromètre interne de stress.
Je partage cela avec vous, car je suis aujourd’hui convaincue, pour l’avoir expérimenté, de l’importance d’un travail sur le corps pour être mieux dans ses baskets et dans sa vie. C’est encore plus important quand on vit une période de crise. Alors trouvez l’approche qui vous convient et inscrivez une pratique régulière dans votre quotidien. Avec du temps et de la constance, vous verrez un vrai changement s’opérer. Testé et approuvé.
Rdv bientôt pour la troisième partie sur le “statut juridique du burn-out” et plus largement, les risques psycho-sociaux. Bientôt 😉
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