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Mon expérience 2005/2017
En 2005, j’ai réalisé mon bilan de compétences avec une femme “autrement”. Avec elle, pas de tests psycho machin/chose qui mettent dans une case « profil A », « profil B ». Par contre un sacré travail personnel pour reprendre toutes les expériences en détail et aller rencontrer des personnes dans les domaines de reconversion envisagés. Lors de notre dernière séance, elle m’a dit :
“Tout est là, vous êtes au clair avec vos envies, votre démarche est cohérente et vous avez les compétences de vos envies/aspirations. Mais quelque chose coince et je ne comprends pas quoi. Alors je vais déroger à ma déontologie et vous poser une question très personnelle, à laquelle vous n’êtes pas obligée de répondre”.
Cette question était “Quels sont vos rapports avec vos parents”?
Nous avons échanger deux minutes et elle a conclu : “Je comprends le blocage. Si vous voulez évoluer vers vos envies profondes, il va être important d’entreprendre un travail sur vous. Sinon vous n’arriverez pas à franchir le pas”.
A l’époque, j’étais très loin de m’intéresser à la psychologie, au développement personnel and co. Mais ses paroles ont fait écho à une intuition qui me disait qu’il faudrait un jour se pencher sur le dossier. Je ne savais pas comment ni pourquoi, mais cela devenait de plus en plus évident. Ses paroles m’ont donné le courage de sauter le pas d’un accompagnement. Au fil du temps et d’accompagnements variés, j’ai compris et vu l’importance de ce travail dans mon cheminement.
12 ans après, ce bilan de compétences a resurgit des cartons. A l’époque déjà, tout y était déjà. Impressionnant. Aujourd’hui, une partie est en place, l’autre se construit tranquillement.
Pourquoi partager cette expérience aujourd’hui ?
Parce que dans mon accompagnement RH, je suis face au même dilemme que cette personne à l’époque.
Qu’il s’agisse de vous accompagner à préparer un contentieux, partir de votre entreprise, gérer un burnout, mettre en place des outils de recherche d’emploi, engager une reconversion, il est toujours un moment où je sens qu’un aspect personnel interfère.
Une peur, un mode de fonctionnement, une croyance, un besoin (de reconnaissance, de réussite…), une blessure d’enfance (rejet, abandon…) sont là.
Souvent, ils sont en partie à l’origine de la situation que vous (re)vivez. Ils expliquent aussi les éventuels difficultés à faire les premiers pas pour entre dans le changement auquel vous aspirez.
Face à la situation vécue, certains diront “la faute à pas de chance” ou “le hasard a mal fait les choses”. Ils repartiront chercher un poste similaire dans un autre environnement (entreprise), pensant sincèrement qu’ailleurs les difficultés ne se reposeront pas.
D’autres diront “ok, qu’est-ce que j’ai à comprendre? Qu’est-ce que j’ai à regarder chez moi pour ne pas revivre la même chose.” De là, ils engageront un travail personnel, avant ou en parallèle d’un travail sur l’aspect professionnel.
Avec le recul et l’expérience (personnelle et professionnelle), il est devenu clair que la chance et le hasard n’ont rien à voir dans l’affaire. Faire face aux difficultés professionnelles que nous rencontrons, aux envies de changement qui nous tarabustent, nous amènent obligatoirement à “aller voir en nous” nos envies, nos valeurs, nos aspirations…et nos peurs, nos blocages, nos fonctionnements qui nous mettent en réaction avec ce que nous vivons.
Ma responsabilité d’accompagnante
Pendant longtemps je n’ai pas (trop) osé entrer sur ce terrain. Je l’évoquais du bout des lèvres parce que je ne voulais pas risquer de brusquer ou de déstabiliser encore plus la personne, et parce que je ne suis pas thérapeute. J’ai conscience que ce discours est parfois difficile à entendre pour ceux qui vivent une situation difficile.
Mais aujourd’hui, je suis obligée de passer ce cap pour ne pas abandonner l’accompagnement. Je n’ai toujours pas les compétences pour vous accompagner à gérer ces aspects personnels, mais j’ai la responsabilité de ne pas les passer sous silence. La responsabilité d’accueillir l’état avec bienveillance et de trouver les mots justes pour dire les choses.
Pourquoi?
Parce qu’aider quelqu’un à quitter son travail après un burnout par exemple, sans avertir que gérer cette situation prend du temps et nécessite d’aller explorer en soi ce qui a été percuté (valeurs, identité, (sur)investissement…), c’est lui faire croire qu’une fois parti, tout ira pour le mieux dans le meilleur des mondes. C’est aller dans le sens du “hasard” et du “manque de chance”. C’est lui mentir. C’est aussi ne pas lui donner toutes les clés pour (di)gérer la situation et pouvoir par la suite rebondir.
Voir et comprendre le fonctionnement, la blessure, la peur, etc. activés dans la situation vécue (burn out mais aussi reconversion professionnel, recherche d’emploi…) permet d’y voir clair et de comprendre ce qui se joue. Comprendre permet de mieux digérer, de se sentir mieux….et de devenir acteur du changement à opérer.
Aujourd’hui, je n’hésiterai donc plus à aborder ces aspects. La personne sera libre de pousser cette porte ou pas. Tout comme je l’ai été il y a 12 ans. 😉
Ahhhhh yeees enfin une rh qui se mouille et prends ses responsabilités vis a vis de l’humain… merci
Merci à toi aussi ((-;
Super Nathalie cette réflexion. Je suis toujours à me remettre en question face aux réactions que j’ai quelquefois avec mes clients. J’ai compris que cela venait de mon éducation et j’essaye d’y remédier. Merci pour cet article
Merci Anne pour ce partage. Et bravo (-;