Cet article inaugure une série de témoignage “autrement” qui outre le témoignage d’une personne que j’ai accompagné, reprend le déroulement de l’accompagnement, le résultat, les compréhensions principales qui en sont ressorties.
Cécilia, jeune femme de 28 ans, voulait quitter son entreprise. Elle sortait d’un burn-out et ne supportait plus son travail et son environnement de travail. Partir lui apparaissait comme la seule solution. Partir oui mais pour où? Pour quoi? Un autre poste salarié? En France ou à l’étranger? Créer son entreprise? Reprendre ses études et faire un doctorat dans une matière qui la passionne? Partir pour créer son activité? Les idées étaient là, les envies aussi, mais pour le moment rien de clair et concret ne se dessinait. Normal, Cécilia commençait tout juste à initier le mouvement. Chercher un autre job? Elle ne se sentait pas la force de chercher ailleurs à ce moment là.
L’accompagnement RH a alors porté sur comment vivre au mieux sa situation professionnelle actuelle pour se laisser le temps, l’espace et l’énergie de concrétiser solidement et sereinement cette envie de changement.
Sommaire
L’accompagnement RH
Vivre au mieux la situation a nécessité plusieurs étapes qui chacune ont permis à Cécilia, en filigrane, de prendre aussi conscience des ses compétences, des ses réalisations, de ses qualités, de ses points d’amélioration.
Etape 1 : Identifier les raisons du mal-être au travail
Qu’est-ce qui rendait son boulot insupportable aujourd’hui? En faisant son récit de vie professionnelle, plusieurs points sont apparus :
- un contenu et des contours de poste flous entrainant aussi un positionnement flou au sein du service et donc des relations parfois tendues,
- un poste très pointu techniquement avec de fortes responsabilités et un enjeu financier énorme que son entreprise lui rappelle fréquemment,
- des objectifs inatteignables qui de plus affectent directement sa rémunération,
- la solitude dans la prise de décision, la gestion des dossiers, le montage des propositions commerciales. Solitude liée à un manque d’encadrement mais aussi à une absence d’expertise en interne,
- une charge de travail
Au vu de tout cela, il était normal que Cécilia ne se sente pas bien dans son travail. Elle accumulait stress et fatigue et ses demandes de soutien de son management et de recrutement d’une personne supplémentaire pour l’aider étaient restées lettre morte.
Etape 2 : Agir à son niveau
Cécilia a accepté d’exprimer clairement et sincèrement à son management ses besoins et ce qui lui posait problème, en s’appuyant sur des éléments concrets et en proposant des solutions pour faire évoluer la situation. Dans les mois qui ont suivi, grâce notamment au dialogue qu’elle a su instaurer :
- son poste et son positionnement ont été redéfinis, clarifiés et explicités aux membre du service,
- une personne a été recrutée pour travailler avec elle conjointement, créant ainsi une vraie équipe,
- ses objectifs ont été revus en concertation avec elle,
- elle a proposé, validé et mis en place une méthodologie innovante pour assurer autrement ses missions.
Etape 3 : Poser son projet de création d’entreprise
Même si Cécilia se sentait mieux dans son travail, il était évident qu’elle allait le quitter à plus ou moins long terme. Nous avons donc commencé à poser les bases de sa future entreprise, ce projet étant clairement celui qui lui tenait le plus à coeur.
Ce travail lui a permis de valider un certain nombre d’idées et de se rendre compte en même temps qu’aujourd’hui, il était prématuré pour elle de se lancer dans l’aventure. Elle avait besoin de plus d’expériences, d’approfondir et de plus s’approprier certaines idées, de se laisser plus de temps pour mûrir et nourrir son projet.
Durée et apport de l’accompagnement
L’accompagnement RH a duré 7 mois, de mai à novembre 2014 (7 rdv d’1h30). Ce suivi régulier a permis à Cécilia de comprendre ce qui l’avait conduit à vivre cette situation et sa part de responsabilité. En dépassant des peurs et des croyances, en changeant certains modes de fonctionnement, elle a pu agir à son niveau et retrouver du bien-être et de l’enthousiasme dans son travail, tout en sachant que ce n’était qu’une étape sur son parcours. Elle a aussi pu récupérer des forces, apprendre à moins se sur-investir dans son travail, à ne plus porter des responsabilités qui ne sont pas les siennes.
Tout ce travail lui évitera de revivre des situations similaires. Si elle les revit, elle aura des clés pour les comprendre et les gérer puisqu’elle a déjà réussi à le faire. Si Cécilia était partie sans prendre le temps de faire tout ce travail, elle aurait emmené avec elle les raisons de son mal-être au travail mais sans commencer à les résoudre. A plus ou moins long terme, passé l’attrait de la nouveauté, il est probable qu’elle aurait été confronté à une situation et des questionnements similaires.
NB important : L’accompagnement RH n’a pas été le seul dont Cécilia a bénéficié pendant cette période. Prochainement, je viendrai ici ajouter un article sur l’importance d’être accompagné dans la globalité par différentes personnes, sur les aspects professionnels et personnels, pour construire un changement durable sur des bases solides.
Les compréhensions liées à cet accompagnement
- Le changement prend du temps, il se construit pas à pas. En prendre conscience et l’accepter nous permet d’être moins
impatient, plus indulgent avec nous-même. Il permet aussi de voir et de vivre notre quotidien de travail autrement, comme un grand terrain de jeu et d’expérimentation dans lequel nous n’allons pas jouer toute notre vie mais qui, à ce moment précis, vient nous nourrir et nous donner des billes pour alimenter nos envies et les concrétiser. Voir et vivre le présent avec ces yeux le rend plus facile à vivre, ouvre des perspectives, libère de l’urgence,
- Ecouter ses besoins est aussi important. L’envie de changement peut nous faire foncer sans valider que se faisant, nous respectons quand même nos besoins fondamentaux. Excepté le besoin de manger, dormir et se vêtir, les besoins diffèrent selon chacun. Il est important de les connaitre et de s’assurer qu’à chaque pas que nous faisons sur le chemin du changement, nous respectons notre équilibre personnel entre envie et besoin.
Et aujourd’hui?
A l’hiver 2015, Cécilia a été chassée par un concurrent direct : l’opportunité de changement qu’elle recherchait s’est présentée d’une autre manière. Même si les choses se passaient bien avec son employeur, elle avait trop envie de nouveauté. En mai 2015, elle a donc quitté son entreprise et accepté un nouveau poste dans lequel elle continue d’apprendre et d’expérimenter d’autres manières d’être et de faire.
Elle n’a pas du tout perdu de vue son objectif de créer une entreprise (entre autre projet) : elle y réfléchit posément et sait que tout ce qu’elle vit, apprend, expérimente vient nourrir son projet, directement ou indirectement. Ce nouveau poste est un passage qui durera ce qu’il durera, mais qui lui permet de continuer à construire le changement qui lui tient vraiment à coeur.
Témoignage
Je suis partir voir Nathalie à un moment ou je n’étais pas bien dans mon job, dans la société pour laquelle je travaillais. J’avais déjà vécu un premier burnout et j’avais mis un beau couvercle dessus. Quand le deuxième est arrivé, là j’ai voulu tout plaquer. Je ne voyais plus ce que je pouvais apprendre et je dénigrais tout ce que je faisais, donc moi par la même occasion. J’étais irritable dès qu’on m’adressait la parole, j’étais en colère tout le temps car les gens n’avançaient pas, ne comprenaient pas ce que je disais… Et bien sur je ne voulais plus rien faire.
Je voulais absolument partir car c’est plus facile de se casser que de regarder réellement les choses en face. En gros, je ne m’amusais plus du tout. Vous allez me dire s’amuser au boulot est-ce que ça existe ? N’est ce pas une utopie ?
Ma réponse a ces questions est assez simple : oui vous vous amusez dès que vous vous dites à la fin de la journée – “punaise j’ai trouver une solution à ce problème”- que vous avez eu des fous rires, que vous avez mis un peu de musique en mode happy sur un truc qui vous faisait un peu chier, que vous avez des idées pour potentiellement améliorer les choses au quotidien dans votre société…. Je pourrais encore trouver plein d’exemples et Nathalie m’a permis de voir ceci.
Elle m’a fait prendre conscience de ce que je faisais réellement en posant toutes mes missions. Elle m’a ouvert les yeux sur les compréhensions que je pouvais avoir, sur mes compétences et permis de voir des situations, des interactions avec mes collègues autrement. Elle m’a permis de ne pas avoir peur de dire les choses tant que c’est juste pour moi, d’exprimer clairement les choses.
Bon j’ai encore un peu de boulot mais je suis tellement fière de moi en me disant “regarde tu ne pouvais pas le faire avant et maintenant tu y arrives petit à petit sans te mettre de pression”. A chaque moment c’est une victoire et je suis trop contente !!
Je suis restée pendant un moment sur mon poste en étant consciente de ces choses là. Je me suis amusée jusqu’au jour où je me suis dit “j’ai besoin d’apprendre ailleurs dans une autre boîte”. En étant consciente que je n’étais pas dans la fuite mais tout simplement en fin de parcours dans l’endroit dans lequel j’étais. Je souhaiterais vraiment remercier Nathalie pour son accompagnement et surtout pour sa bienveillance qui m’a fait me sentir bien tout simplement et me livrer sans jugement.
– Merci Cécilia pour ta confiance et pour ce témoignage –
Changer prend du temps, c’est clair! Merci de partager vos expériences!:o)