“M’entendre dire que ce que je ressens et ce que je vis est normal me fait un bien fou”.
La première personne qui m’a dit cela venait de vivre burn-out. Elle était en arrêt maladie depuis 3 mois et il était évident pour elle qu’elle ne pourrait pas revenir dans son entreprise. Elle voulait savoir comment elle pouvait gérer la situation sur le plan juridique pour quitter son emploi. Pour la conseiller au mieux, j’avais besoin qu’elle me raconte ce qu’elle avait vécu professionnellement.
Sommaire
Une crise professionnelle crée un traumatisme
En parler était douloureux. Elle culpabilisait et s’inquiétait de pleurer, d’être épuisée, de ne plus réussir à gérer son quotidien basique comme se faire à manger, de ne pas avoir envie de voir du monde. Et de ne pas réussir à tourner la page et rebondir.
Elle venait de vivre plus d’un an sous pression, dans un environnement de travail qui l’avait rendu malade. Elle avait été au bout de ses limites physiques et psychologiques jusqu’à ce que la corde lâche un matin, et qu’elle ne puisse plus se lever. Elle avait vécu une situation traumatisante pour elle, s’était indéniable.
Trois mois d’arrêt peuvent paraitre longs, mais à cette échelle ce n’était rien. Elle allait avoir besoin de temps pour digérer, reprendre des forces et se reconstruire. Avant de pouvoir gérer son départ et d’envisager “l’après”.
L’importance de reconnaitre la souffrance
Au vu de son histoire, cet état était totalement normal. Entendre “c’est normal” a agit comme une reconnaissance et une acceptation de son état. Une forme de libération qui permet de mieux accepter et vivre l’état, avec moins de culpabilité et de jugement.
Jusqu’ici, elle ne l’avait jamais entendue. Au contraire, son entourage lui disait “reprends toi, cherche un travail et ça ira mieux”, “tu ne vas pas rester comme ça, fait un effort, secoue toi”. Elle ne vivait plus la pression de l’entreprise mais la pression de la société et de notre éducation qui ne comprend pas et n’admet pas ces états qui laissent voir notre vulnérabilité d’être humain. Qui nous pousse toujours à remonter au plus vite en selle, faire comme si de rien n’était et reprendre le “cours normal de sa vie”.
Se faisant, nous posons un gros couvercle sur le traumatisme et la souffrance de l’autre et quelque part part sur les nôtres. Car tous, à des échelles différentes, nous les vivons. Nous préférons ne pas nous “arrêter” pour ne pas se poser de question, ne pas se retrouver par ricochet face à soi-même. Parfois aussi nous n’en sommes pas capables, trop coupés de nos émotions et de notre empathie; trop soucieux de l’avenir; trop centrés sur nous-mêmes et nos propres difficultés.
Comprendre le besoin de temps
Traverser un traumatisme demande du temps, un temps que la personne a déjà du mal à s’accorder tant elle culpabilise, tant elle se juge de vivre cette situation, tant elle a peur pour son avenir. Sentir la pression de l’extérieur sur “le temps qui passe” ajoute à un poids à cette culpabilité, ces jugements et ces peurs. Et le sac à dos, déjà bien rempli, devient un peu plus lourd à porter.
Nous avons souvent du mal à voir que nous avançons sur le chemin pas à pas, à un rythme qui nous est propre, du mieux que nous pouvons. L’absence de reconnaissance par l’extérieur accentue notre difficulté voir notre incapacité à reconnaitre notre état mais aussi le courage et les efforts que nous déployons au quotidien pour le dépasser : puisque l’autre ne reconnait pas notre état, c’est que ce que je vis et que je ressens n’est pas normal.
La reconnaissance et la compréhension de l’extérieur est un soutien important qui aide à trouver le courage d’avancer et de mener à bien sa reconstruction, sur des bases solides et durables.
Très touché par ce texte car moi même je vis cette épreuve à l heure actuel merci pour ce texte qui me touche
Prenez bien soin de vous et surtout, ne restez pas seul avec cette épreuve. Partagez là, même si cela parait difficile. Choisissez l’interlocuteur qui vous convient, qui peut entendre et accueillir simplement. Courage, il y a toujours une lumière qui brille quelque part pour nous éclairer et nous réchauffer (-;