Découvrir le terme de slasheuse il y a quelques années a été un vrai soulagement. Je n’étais pas folle (- ; D’autres personnes exerçaient plusieurs activités qu’elles cumulaient sous des statuts parfois variés.
Aujourd’hui, je suis heureuse de voir que ce phénomène prend de l’ampleur. Loin de me faire peur, il m’apparait vraiment comme une réponse à l’évolution inéluctable du monde du travail mais aussi à nos propres aspirations personnelles de vivre d’activités qui ont du sens, qui nous passionnent, qui évoluent comme nous évoluons.
Lors d’un conférence au salon de la micro entreprise en octobre 2015, il m’a été demandé de partager mon expérience au travers des questions suivantes. Je les partage avec vous aujourd’hui.
Sommaire
Slashing, choix ou envie?
Au début, le slashing n’a pas été un choix mais une nécessité. Incapable de retourner exercer mon métier de RH en entreprise, la solution était de créer mon entreprise. RH Autrement est né de cette manière.
Au bout d’un an, un choix s’est imposé. Pour de multiples raisons, mon activité ne se développait pas encore suffisamment pour en vivre et je n’avais plus d’économies. Le choix était alors le suivant : retourner travailler en entreprise ou bien poursuivre ma route en ajoutant des branches à mon arbre d’activité. Des recherches m’ont fait découvrir le métier de rédacteur de débat, activité qui est devenue officiellement mon premier slash – Conseil RH/rédacteur de débat – et qui allait ensuite m’amener à l’activité d’écrivain public.
Il n’a pas été facile d’apprivoiser la liberté offerte par ce mode de fonctionnement où c’est à nous et à nous seuls que revient la responsabilité de poser le cadre, de gérer l’emploi du temps, de dire oui ou non, de gérer ses priorités. Quand je me suis lancée dans l’aventure, je n’en avais honnêtement pas du tout conscience (-;
Une fois ce virage négocié, j’ai commencé à vraiment apprécier ce mode de fonctionnement et de vie. Et à me rendre compte que grâce à lui, j’avais aussi la liberté de développer toutes les activités que je voulais. Que je n’étais pas obligée de me cantonner à une ou deux. S’en est suivi tout un cheminement, toujours en cours, pour faire des mes “hobbies” (passions) de vraies activités. Au travers de mon site Se Ressourcer Autrement, j’ai ainsi ajouté de nouveaux slashs qui se développent et évoluent à leur rythme.
Comment je vois l’avenir de la multi-activité ?
Ce mode de fonctionnement m’apparait clairement comme une des solutions pour l’emploi. Le travail est là, il a toujours été là. Mais il s’inscrit aujourd’hui dans des modes de fonctionnement très différents (besoins ponctuels, besoins plus longs mais sur du temps partiel…) et dans un monde du travail qui nous demandent toujours plus de souplesse, d’adaptabilité. Que nous voulions ou non, cette évolution est inéluctable. Comme dans d’autres domaines, nos vieux schémas (CDI, temps complet, sécurité garantie sur le long terme) ne résisteront pas à cette évolution même s’ils sont encore très présents dans nos modes de fonctionnement.
Le slashing est un des moyens de s’adapter à ces nouvelles règles du jeu. Pourquoi? Parce qu’un slasheur, même si ce fonctionnement lui est éventuellement imposé au départ, apprend au fil du temps à :
- composer avec cette souplesse et cette adaptabilité, à dépasser les peurs et les croyances qui nous enferment encore beaucoup dans des jobs que nous n’aimons pas et qui nous rendent parfois malades,
- rebondir plus facilement quand un changement survient. Il apprend à ouvrir des portes vers d’autres perspectives professionnelles plus facilement.
- utiliser ses multiples ressources, à être plus créatif,
- prendre peut-être plus de responsabilités et faire plus de choix.
Comment réussir à cloisonner vie pro/vie pers?
Ce point a clairement été et reste une difficulté. Il m’a fallut du temps pour me rendre compte que je travaillais et/ou pensais boulot tous les jours. Il rejoint la nécessité et la difficulté de “poser un cadre”, le cadre de son activité professionnel mais aussi le cadre pour que cette vie professionnelle ne prenne pas toute la place.
Aujourd’hui, j’essaie de planifier des moments de pause dans ma semaine et d’organiser ma journée de travail en fixant des plages de travail et d’autres de temps libre et de repos. Mais l’exercice reste encore difficile (-;
Que m’apporte le fait d’être slasheuse?
Ce mode de fonctionnement me permet de :
- vivre la liberté dans le choix de mes activités et dans ma manière de les gérer, mais aussi dans l’organisation de ma vie en générale. Je suis devenue une “nomade slasheuse” qui travaille depuis les différents endroits où je voyage,
- concilier des activités d
ifférentes, qui me plaisent de plus en plus parce qu’elles englobent des passions et parce que je peux les exercer “autrement”,
- développer ma créativité, notamment par l’invention de mon cadre de travail et de mes services,
- redécouvrir mes ressources personnelles, d’en développer de nouvelles,
- évoluer personnellement tous les jours en m’obligeant à dépasser des peurs et des blocages, à me positionner, à devenir plus responsable et plus autonome, à prendre du recul et porter un autre regard sur moi, les autres et le monde qui m’entoure.
Devenir rédacteur de débat par exemple m’a permis de prendre conscience que rédiger des documents était une ressource importante chez moi et que l’écriture est une vraie passion. Devoir me poser pour trouver une nouvelle activité m’a fait voir cette ressource sous un autre oeil, en lui accordant une valeur nouvelle ou en ouvrant des portes pour l’utiliser “autrement”. Cette expérience m’a ouvert sur le métier d’écrivain public. Elle a aussi nourrit mon activité RH de pleins de manières et elle m’emmènera certainement ailleurs encore.
Quels conseils je pourrais donner?
Le plus importants pour moi est de se faire accompagner et accepter le temps. Tout ne se met pas en place du jour au lendemain. Il faut apprendre à se créer un nouvel équilibre, à apprivoiser cette liberté dont nous avons finalement peu l’habitude et qui est aussi parfois difficile à gérer, à dépasser ses peurs, à revisiter ses fonctionnements et ses croyances.
Les moments de doute et de découragement existent, il ne faut pas se leurrer. Il n’y a pas de méthode miracle “clé en main” qui font de vous un slasheur 100% bien dans ses baskets en une semaine. Dire le contraire serait mentir. Personnellement, sans accompagnement j’aurais lâché l’aventure en route c’est sûr. Une aventure qui m’a emmené bien plus loin que la création et la “compilation” de nouvelles activités professionnelles et qui est loin d’être finie.
Retrouver les témoignages qui illustrent cet article en photo dans cet article du Parisien “vive la double vie professionnelle”.
Fichier son de la conférence du 6/10/2015 avec Marie-Laure Staudt et Florence Aubert.