Je rencontre Tiphaine dans une auberge près de Giverny. Ses amis et elle sont venus passer deux jours au vert pour changer d’air. Ses amis et elle sont différents. Le patron de l’auberge les regarde d’un oeil un peu méfiant et agacé. Je ne crois pas qu’il sache que Tiphaine et ses amis sont des accidentés de la vie. Il ne leur a quasiment pas parlé.
Tiphaine, 35 ans, est épileptique depuis son plus jeune âge. Ses nombreuses crises ont laissé des séquelles et l’ont toujours empêchée de suivre une scolarité normale et de s’insérer pleinement dans la vie active. Suite à une opération, ses crises se sont espacées. Elle doit continuer à suivre un traitement médicamenteux mais aujourd’hui, elle peut travailler quasi normalement. Son rêve : travailler avec les enfants. Oui mais voilà, Tiphaine est reconnue travailleur handicapée. Elle a fait le tour des postes proposés en Centre d’Aide par le Travail (CAT) et n’arrive pas à sortir du système qui la maintient dans des postes limités alors qu’elle aspire à autre chose. Pôle Emploi ne sait pas gérer des profils comme le sien. Personne ne sait gérer. Elle dit qu’elle devient folle, qu’elle tourne en rond chez elle à ruminer sur sa vie, la maladie, ses envies que personne n’entend. Tiphaine avoue que parfois, elle n’a plus envie de vivre.