Il m’a fallut du temps pour commencer à comprendre le burn out professionnel (syndrome d’épuisement professionnel en français). D’où vient-il? Comment se construit-il? Pourquoi? Avec qui? Le phénomène est complexe, les acteurs et les interactions nombreuses. Il manque encore de nombreuses réponses : cet article n’est qu’un début de synthèse pour essayer de mieux comprendre et donc agir sur ce phénomène.
Sommaire
Qu’est-ce que le burn out?
La traduction littérale de ce terme nous donne tous les éléments. Burn out signifie littéralement « griller », s’épuiser, se consumer en raison de demandes excessives d’énergie et de ressources. A trop tirer sur la corde, utiliser ses ressources et son énergie sans réussir à se ressourcer et se régénérer, la personne tombe petit à petit dans un état d’épuisement intense.
Qui fait qu’un matin “comme les autres”, tout s’arrête. La personne ne peut plus se lever, plus aucune commande ne répond. Elle n’a plus de jus et même si ça tête lui commande d’avancer et de continuer coûte que coûte, son corps lui impose l’arrêt total. En toute honnêteté, jusqu’à ce que je rencontre deux personnes victimes de burn out qui m’ont confié leurs histoires et leurs ressentis, je n’avais pas conscience de l’ampleur et de la soudaineté de cet “effondrement”.
Le stress à l’origine du burn out
En biologie, le stress désigne l’ensemble des réponses d’un organisme soumis à des pressions ou contraintes de la part de son environnement, qui dans les cas extrêmes peuvent représenter un danger pour lui (par exemple une agression physique ou un accident).
Ces réponses dépendent toujours de la perception qu’a l’individu des pressions ou contraintes qu’il ressent. Une des raisons pour laquelle, dans un même environnement de travail, tout le monde n’est pas affecté de la même manière. A ce sujet, le centre d’études sur le stress humain de Montréal définit les ” quatre ingrédients du stress ” d’une façon intéressante (à creuser cependant) :
- Contrôle faible = Vous sentez que vous n’avez aucun contrôle ou très peu sur la situation. Vous êtes en dehors de votre zone de confort
- Imprévisibilité = Quelque chose de complètement inattendu se produit ou encore, vous ne pouvez pas savoir à l’avance ce qui va se produire.
- Nouveauté = Quelque chose de nouveau que vous n’avez jamais expérimenté se produit.
- Ego menacé = Votre personnalité, vos repères sont bousculée. Des blessures (rejet, abandon…) sont réactivées consciemment ou inconsciemment, les voyants émotionnels clignotent
Le stress à cela de bon qu’il nous permet de (ré)agir et de nous adapter pour répondre à la situation. Il fait partie de notre vie au quotidien, souvent à notre insu. Ce qui finit par rendre malade? L’accumulation de situations stressantes et l’incapacité de se ressourcer pour refaire le stock d’énergie qui nous permet, au quotidien, de mobiliser nos ressources internes nécessaires à la gestion du stress. Petit à petit, un déséquilibre s’installe et la pression augmente; jusqu’à ce qu’à force de bouillonner sans jamais baisser le feu, la cocotte minute implose.
Hans Selye, premier à avoir évoqué le syndrome de stress (ou syndrome général d’adaptation), définit trois stades successifs d’évolution du stress, qui conduisent petit à petit à l’épuisement :
- « Réaction d’alarme » : les forces de défense sont mobilisées
- « Stade de résistance » : la personne s’adapte à l’agent stressant
- « Stade d’épuisement » : l’agent stressant est puissant et agit longtemps. La personne n’a plus les ressources suffisantes pour y faire face.
Les multiples causes du burn out
Le “cocktail” est complexe et diffère selon chacun. Mais il touche toutes les catégories professionnelles, salariés, libéraux ou fonctionnaires. Les causes (liste non exhaustive) peuvent être réparties en 3 catégories qui interagissent les unes avec les autres, se répondent et s’alimentent.
L’environnement – l’organisation de travail
- La surcharge de travail lié à une mauvais répartition des missions, un sous-effectif
- Des contraintes importantes à respecter et le rythme de travail (délais courts, urgence, objectifs élevés …)
- De grandes responsabilités
- Un manque de clarté des tâches, des consignes contradictoires, une confusion des rôles
- Des dysfonctionnements plus généraux dans l’organisation
- Le déséquilibre entre les objectifs demandés et les moyens mis à disposition pour y arriver
- Un faible soutien social (des supérieurs et/ou des collègues) : peu d’aide ou d’écoute, pas d’espace pour exprimer ses difficultés
- Un mauvais climat de travail
Soi-même dans sa relation au travail et à soi-même
- Des valeurs individuelles qui entrent en conflit avec celles de l’organisation
- Le manque de reconnaissance et de valorisation, le déséquilibre perçu entre l’investissement personnel et les retours
- l’absence de sens : à quoi sert ce que je fais?
- Le travail au centre de sa vie
- Avoir une conscience professionnelle élevée
- La difficulté à déléguer
- La tendance à confondre performance au travail et valeur personnelle
- L’absence de repos, la difficulté à évacuer les tensions et à se ressourcer
- Perfectionnisme
- un sens du devoir poussé à l’extrême
- Hypersensibilité
Soi-même dans sa relation aux autres
- L’absence de relations avec les autres ou des difficultés relationnelles
- Vivre dans un climat permanent de compétition
- L’oubli de soi, de ses besoins et la difficulté à poser ses limites
- Prendre et porter les responsabilités des autres
- L’absence d’équilibre avec sa vie personnelle
Comment reconnaître le burn out?
L’accumulation de stress génère une fatigue et une souffrance qu’au bout d’un moment, nous ne parvenons plus à gérer et à “éponger”.
- physiquement : trouble du sommeil, maux divers, perte ou prise de poids, addictions (café, cigarette, médicaments…)
- psychologiquement : difficulté à se concentrer, à réaliser ses missions, à se motiver, à prendre des décisions. Sensation de mal-être permanent, isolement
- émotionnellement : accès de colère, de tristesse, peurs omniprésentes. “ascenseur émotionnel”
Pris dans une spirale qui s’auto-alimente, il devient chaque jour plus difficile de sortir la tête de l’eau et de prendre du recul pour comprendre ce qui se passe et voir comment agir sur la situation. “Tout ira mieux dans quelques semaines. En attendant il faut que je sois fort et que je tienne encore”. Le déni est fort même si les voyants sont au rouge. Le corps pourtant, nous envoie des signaux (bobos en tout genre, insomnie…). Notre entourage aussi parfois.
Nous avons alors le choix : soit nous les entendons et les écoutons, et nous parvenons à dire stop à la spirale. Soit nous continuons à tracer la route en tirant sur notre batterie interne qui n’est pas conçue pour se voir imposer ce rythme sur le long terme.
Rendez-vous la semaine prochaine pour voir comment il est possible, à votre niveau, d’agir sur les causes. Nous en avons tous les moyens. Au lieu de “gaspiller” nos ressources à nourrir un système, nous pouvons apprendre à les utiliser pour poser le cadre et nous positionner. Et apprendre à ménager, entretenir et développer ses ressources.